Adoption : petites réussites et réalité

  L'ouïe : le rituel est venu naturellement et fonctionne ! La boîte à musique de sa chambre est déclenchée quand nous sortons (en lui souhaitant une bonne nuit et le rassurant sur le fait que l'on se retrouve demain et que l'on est juste à côté) puis quand elle s'arrête : la boîte à musique de maman prend le relais, dans la chambre d'à côté ! Très rassurant. La vue : les photos heureuses de sa vie quotidienne au mur au-dessus de son lit à sa portée. (Cf. Article consacré précédemment) Le goût : une ou deux petites gorgées d'eau pure ou avec un soupçon de sirop (chez nous goût cerise) Le toucher : il s'en détache déjà mais dès les premières nuits, il lui fallait quelque chose de VRAIMENT doux...D'où la petite couverture polaire couleur nuit étoilée. L'odorat : Petit Margouillat aime le propre. Même si ses draps le sont, un petit plus lui plaît beaucoup : j'ai trouvé un parfum à l'odeur de propre (si, si) et ça fonctionne ! La référence sur de

  Un outil vraiment efficace : l'appareil photo, ou les photos avec un portable maintenant ... On s'est rendu compte, DES LE PREMIER JOUR, que regarder les photos prises dans la journée permettait au petit Margouillat de revenir sur les différentes rencontres et différents événements.  Ainsi, les étapes sont retracées, reformulées, paraphrasées à gogo !  Il a très vite appris le matin, le midi, l'après-midi, le soir, les temps de repas, du coucher ... Et même pour le rassurer nous prenons des photos de lui la nuit.  Cela fonctionne vraiment rapidement ! Réussite efficace !

  Tisser le lien, quelle grosse réussite !  Puisque le feu vert nous a été donné pour l'inscription à l'école, nous en avons profité pour accélérer le maillage au sein du quartier. Nous avons accéléré ce qui aurait pris plus de temps en temps normal, peut-être.  A savoir : inviter les petits voisins à la maison, distribuer les faire-part dans les boîtes aux lettres du quartier.  Nous répétons les prénoms des voisins, adultes ou enfants. Nous revenons pendant les repas sur les rencontres ... Et la mayonnaise a pris ! Margouillat se sent chez lui dans cette rue, ce quartier où il croise des visages déjà familiers, où les voisins sont venus lui offrir un petit cadeau de bienvenue ...  Cette grosse réussite est valable aussi pour nous ! Que de jolies rencontres ...

  Creuser son débit, trouver de l'argent, changer ses habitudes pour rester des mois sans travailler avec son enfant ... MAIS  EVIDEMMENT !  Quand je vois tout se qui se construit heure après heure, chaque jour, et dans l'essentiel de la construction affective, de la santé mentale et physique ... Il me paraît, qu'on ait les moyens ou pas, indispensable vraiment de prendre ces quelques mois. Au moins un des deux parents, l'autre profitant du congé d'adoption, équivalent au congé maternité. Tout se joue là, l'attachement, la famille. Comment une adoption peut-elle réussir sans cela ....

  Prouver qu'il y aura toujours à manger pour combler un puits qui semble abyssal : check ! Ce petit bonheur hier quand Petit Margouillat nous a dit "non, j'ai pas faim" ... Ce qu'on a fait : en surveillant un minimum l'équilibre alimentaire, le laisser manger à sa faim. Ne pas le priver. Ne pas trop le contenir. Accès illimité aux fruits et aux céréales et graines, dans la journée. L'intéresser à la cuisine et le laisser goûter à tout, évidemment.

Nous avons bien écouté les divers conseils en séminaires ou en entretiens durant notre parcours. Nous avons bien lu CQFL - Ce Qu'il Fallait Lire - Avant son arrivée nous avons donc trouvé sur des petites annonces locales une tanière, une cabane, structure en bois et tissu mignon. Au départ, Margouillat n'y montrait aucun intérêt, mais ce qui a pu paraître un échec s'est révélé devenir au fil des semaines une réussite ESSENTIELLE.  Tout comme le sac à dos que nous avions envoyé tout là-bas, Petit Margouillat se l'est approprié un jour, sans prévenir. Le refuge avait été placé là, dans un coin de sa 'tite tête. Il y range régulièrement ses affaires, une chatte n'y retrouverait pas ses petits. Mais lui connaît l'emplacement de tous ses trésors (pas toujours ceux auxquels on s'attend, évidemment); De temps en temps  aussi il y embarque son "pseudo" travail, des cahiers, des crayons, son ordinateur pour enfant et nous imite en secret. Adorable. Bon,

  Vues ses quelques réactions de petit adulte en chef, nous étions bien surpris, lors d'un moment de tension, de le voir partir fouiller dans sa cabane et en ressortir avec "la baguette magique du calme et des bisous" offerte par sa grand-mère ... Et le voilà, avec son arme pacifique (!), à nous toucher le bras et nous faire un bisous, pour se calmer et nous calmer.  Nous en sommes restés "babas" ;-) Je pense que la baguette a servi à ne pas prendre de risques émotionnels. "Ce n'est pas moi qui prends le risque de donner de l'affection, de me dévoiler. Comme ça pas de déception si on me rejette". (Toujours cette blessure primitive) Une petite réussite pour les parents, une grosse réussite pour Margouillat

  On essaye tout. Tout pour que Margouillat soit rassuré, seul la nuit dans sa chambre.  Evidemment, le manque de sommeil rend la famille irritable, la patience s'émousse, les moments heureux ne sont plus appréciés à leur juste valeur.  Alors il faut dormir.  Tout ne fonctionne pas de suite, ou pas du tout. C'est selon.  Chez nous, les petites réussites sont :      *Discuter avant, pendant un temps calme où nous sommes tous, sans bruit dans le coin salon, à bouquiner. Margouillat ne sait pas lire les mots, mais comprend certaines histoires. La petite discussion rappelle à Margouillat, selon la journée, que                * *Nous l'aimons et l'aimerons toujours, même si nous sommes fâchés de certains agissements, ou déçus. Jamais de lui, de sa personne même.               * *Nous dormons tous ensemble, au même niveau à 5 mètres de distance, mais que nous ne sommes pas séparés pour autant et nous retrouvons le matin.      * Laisser autant que possible les lumières allumée

Quand Margouillat nous a pour la première fois parlé de son pays d'origine et de son passé, on a tout arrêté. On était au calme, mais c'était l'heure du temps calme avant le coucher. et nous n'avons plus pu l'arrêter .  Le déclencheur ? des photos prises sur place.  Et après son épanchement : des câlins et déclarations d'affection spontanés. Incroyable. 1 mois après son arrivée ! Depuis, j'ai édité un livre photo en ligne avec des photos de notre séjour là-bas et de notre voyage. Cela a été un cadeau extraordinaire. Il le feuillète à loisir, et s'installe sur moi ou son père pour en parler. Tout mignon. En poursuivant sur cette voie, nous avons constitué sa valise des origines (Merci la bible de J. Lemieux). Dedans :  Le livre photos donc Les papiers, documents (billets d'avions etc) du voyage  L'album photo que nous avions constitué dans l'attente au fur et à mesure des envois de la correspondante de l'association sur place  une tenue tr

  Un escalier que l'on gravit, marche après marche. Parfois on en redescend quelques unes pour mieux remonter plus avant. Après le coup de téléphone de notre association qui nous annonçait la nouvelle tant attendue, l'apparentement, j'ai éprouvé le besoin d'exorciser mon parcours. Tout tournait dans ma tête et j'ai matérialisé tout ça par un escalier.  En datant quelques marches et en ayant trouvé des illustrations pour chaque événement marquant du parcours. Libérateur. Une petite réussite pour les parents

  Petit Margouillat et nous sommes réunis depuis quelques mois. Déjà tant de choses vécues dans cette aventure n°2. La première étant le chemin jusqu'à lui ! Ce que nous comprenons principalement c'est que l'adoption, ce qui fait famille, ce n'est pas la finalité mais le chemin. Concrètement c'est difficile. Et pas une arrivée ou un aboutissement, genre "ça y est, on s'est enfin trouvés, on est une famille et tout est fait"... On est plutôt des "mécanos". On répare, on recolle. Et petit à petit les réussites s'imposent. Et mon conseil : c'est sur celles-ci qu'il faut revenir sans cesse et se focaliser QUAND CA NE VA PAS. Voilà la raison du titre de ce blog.